Huit bouquins lus, la vingt-septième vague

dimanche 30 août 2020 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback
  1. Les ardents par Nadine Ribault
    Dans une campagne du Nord de la France sévit une bien étrange maladie : le mal des Ardents. Au milieu des bruyères, il y a aussi un château, des intrigues et des passions. Un univers d’amour courtois et de confinement sanitaire où s’entremêlent une châtelaine au cœur sec, un fils aguerri aux combats, une épouse recluse, des amis déchirés et un berger coquin dans une prose fine et précieuse. livres.onpk.net
  2. Et s’il était possible d’être un parent équilibré par Anne-Sophie Thiry
    Même avec deux petites filles extra, il n’est pas toujours si simple de désamorcer les crises, de répondre calmement et d’accompagner avec une douceur constante et une empathie intense. Ce livre propose des outils concrets pour tenter d’y arriver. J’y ai aussi pioché quelques trucs : se baisser au niveau de l’enfant (en se mettant à genoux par exemple) quand on doit expliquer quelque chose d’important, les féliciter pour chaque cap d’apprentissage (les premiers pas, les premières siestes sèches, etc.) et aussi pour les petites joies du quotidien, reformuler les débordements de colère pour désamorcer le trop-plein d’émotion en cas de crise (le vocabulaire n’étant pas toujours acquis), etc. Les neufs chapitres très didactiques avec résumés réguliers, pistes de lecture et questions d’introspection permettent d’explorer ces questions cruciales (et aux réponses pas toujours aisées, j’en ai bien conscience). livres.onpk.net
  3. The architecture of Community par Léon Krier
    Si Le Corbusier est largement admiré pour la puissance de sa vision architecturale, personne ne regrette que son projet pour Paris (la fameux plan Voisin de 1925) n’ai jamais vu le jour. Et surtout pas Léon Krier : cet architecte et théoricien luxembourgeois a décidé de célébrer l’architecture classique le jour où il a découvert la Cité radieuse de Marseille pour en être aussitôt dégoûtée. Dans cet opus, il livre une critique féroce de la « modernité » en architecture et en urbanisme. Les petites illustrations qui parsèment le livre font systématiquement mouche : la recherche du beau, de la maturité, de la juste proportion devrait être la quête de l’architecte et de son alter-ego urbaniste. On la trouve dans les quartiers du quart d’heure à Paris (sans voiture), la densité de Boucle d’Or (entre 3 et 5 étages, comme pour la tour Eiffel), la mixité bureaux - habitation - loisir (celle qui émerge à Euratechnologies ou à Poundbury). Reste qu’entre les trouvailles d’un Wrath of Gnon pour mettre en avant la magie de la tradition vernaculaire et les volontés d’un POTUS d’imposer un classicisme bling-bling, ce sont bien les Chinois qui construisent en masse pour ce XXIe siècle. livres.onpk.net
  4. Le temps de la haine de Rosa Montero
    J’ai retrouvé la répliquante Bruna Husky dans une enquête terroriste cette fois. La population madrilène bouillonne, chauffée à blanc par un multi-milliardaire au solutionnisme primaire, les habitants de Cosmos dans leur sphère en orbite se préparent aussi. Entre exécutions sommaires et pollution inégalitaire, il reste l’amour, l’amitié et la solidarité d’une famille choisie. Alors qu’il ne lui reste qu’un peu plus de trois années et trois mois à vivre. livres.onpk.net
  5. The Rise and Fall of the Great Powers de Paul Kennedy
    Et à la fin il en restait cinq : la Chine, le Japon, la CEE, l’Union Soviétique et les États-Unis. Auparavant il y avait eu cinq siècles de batailles, de guerres et de combats pour la pré-éminence mondiale. Avant le début, il y avait eu les Empires Ming, Perse, Ottoman, Moscovite, Moghol. Et cette double poignée de petits états européens toujours prompts à se chamailler les uns les autres. Entre ces deux bornes, Paul Kennedy décrit avec précision les forces, économiques surtout, qui expliquent comment chaque nation parvient à son zénith avant d’être rattrapée par une autre, ce passage au « sommet » n’étant toujours qu’une éphémère suspension. La fin, c’est 1987 : l’UE et la Russie n’existent pas encore. Depuis le parapluie US s’est étendu avant que Trump ne siffle la fin de la partie. Et ce que Paul Kennedy notait pour le Japon semble devenir une maxime pour notre XXIe siècle : parfois l’expertise commerciale et la richesse financière ne suffisent plus dans le monde anarchique des politiques internationales de puissance. livres.onpk.net
  6. Disunited Nations de Peter Zeihan
    Il faut être américain pour écrire avec autant de désinvolture un livre de géostratégie : Peter Zeihan l’est assurément. Il peut donc terminer ses paragraphes par des envolés à l’emporte-pièce : « it’s worse than it looks » ou « in a word : outdated ». Reste que l’intérêt d’un pinceau aussi « rough » pour brosser le portrait de onze pays (du Japon aux États-Unis en passant par l’Iran ou l’Argentine) tient dans le point de départ : à l’heure où Washington est en reflux, la géographie et la démographie vont retrouver une importance prépondérante. Et si on le suit, la France pourrait en tirer son parti : entre le Royaume-Uni quittant l’Union Européenne pour s’amarrer aux cousins outre-Atlantique et l’Allemagne à la démographie plombée, elle peut compter sur du nucléaire pour compléter la qualité de ses terres agricoles et la relative bonne tenue de son taux de natalité. Chouette : on devrait pouvoir manger de la viande plus longtemps, continuer à se chauffer par temps gris et calme tout en s’offrant une escapade militaro-minière en Afrique périodiquement. Reste au futur à bien se comporter… livres.onpk.net
  7. Learning to scale de Régis Médina
    En s’appuyant directement sur la maison Toyota - dont le toit est composé de la satisfaction client, de la qualité, du coût et du lead-time, les murs du Just-In-Time et du jidoka et les fondations de la stabilité et du respect (pour les équipes puissent travailler et apprendre) - Régis Médina propose un résumé très orthodoxe de la stratégie Lean. Plutôt orienté pour les sociétés du numérique, cet ouvrage présente l’ensemble des outils qui ont été découvert ou repris au sein des usines Toyota depuis 1937. Avec un mélange de courtes présentations théoriques et d’invitations à la pratique, il permet de se familiariser avec les questions que posera un Senseï. Car celui « qui est né avant » n’apparaît pas dans ce livre, il viendra sur le Gemba de ceux qui iront un peu plus loin et accepteront d’être confronté à leurs idées fausses. livres.onpk.net
  8. Du labeur à l’ouvrage de Laëtitia Vitaud
    J’avais beaucoup d’attente sur ce livre : pour une fois que ma penseuse préférée était citée dans les inspirations d’un livre en français, j’allais peut-être décelé de nouvelles pistes à creuser. Mais finalement non, Jane Jacobs n’apparaît même pas dans la biographie. Reste donc une exploration fine du travail « de proximité » : entre résistance structurelle à la taylorisation et invisibilisation par les pouvoirs en place, ce secteur représente la prochaine frontière de notre pacte sociale. La crise du Covid-19 a bien mis en évidence l’importance de ces travailleurs de la première ligne : ils n’ont pas cessé de travailler pendant le confinement, ils tombent rapidement malades avec la deuxième vague - celle des retours de vacances. Leurs institutions sont encore à venir, reste à voir d’où elles émergeront. Bien sûr le Ségur de la santé n’aura pas été à la hauteur. Et après la tentative avortée du « care » à-la-Martine Aubry, la balle semble désormais du côté des Vert-e-s, si tant est qu’ils puissent saisir cette balle au bond. Heureusement en tout cas que certains combats arrivent à percer la bulle médiatique. livres.onpk.net

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